May 26, 2008

Une promenade opère (dans) la chair

Dis-moi, rose, d'où vient 
qu'en toi-même enclose, 
ta lente essence impose 
à cet espace en prose 
tous ces transports aériens ?

Combien de fois cet air 
prétend que les choses le trouent,
ou, avec une moue, 
il se montre amer. 
Tandis qu'autour de ta chair, 
rose, il fait la roue.


°
°
°
°
°

DU SANG COULE, OUI TOUCHÉ 
MAIS PAS COULÉ, 
OLÉ!



Es-tu encore là ? Dans quel recoin es-tu ? –
De tout cela tu as eu une si ample science,
tu as pu accomplir tant de choses en t’éloignant ainsi,
ouverte à tout, comme un jour qui commence.
Les femmes souffrent :aimer veut dire être seul,
et les artistes parfois dans leur travail pressentent
que leur devoir, quand ils aiment, est la métamorphose.
Amour, métamorphose : tu entrepris l’un et l’autre ; il y a l’un
et l’autre dans Cela qu’à présent falsifie une gloire qui te les dérobe.
Hélas, toi qui fus loin de toute gloire. Toi qui fus
de peu d’apparence ; qui avais
sans bruit replié
ta beauté en toi-même, comme on baisse un drapeau
au matin gris d’un jour ouvrable,
et ne voulais rien d’autre qu’un long travail, –
travail qui n’est pas accompli : non, hélas, pas accompli.
Si tu es encore là, s’il reste encore
dans cette obscurité une place à laquelle ton esprit
vibre sensiblement, à l’unisson des ondes planes et sonores
qu’une voix, solitaire dans la nuit,
suscite dans le flux d’une haute chambre :
Alors, écoute-moi : Aide-moi. Vois, nous allons nous aussi
glisser, nous ne savons quand, revenir de notre avancée vers
quelque chose que nous n’imaginons pas, où
nous serons empêtrés comme dans un rêve,
et dans quoi nous mourrons sans nous réveiller.
Nul n’est plus avancé. À tous ceux qui ont soulevé leur sang
pour une œuvre qui s’avère longue,
il peut arriver de ne plus le tenir à bout de bras
et qu’il retombe, privé de valeur et vaincu par son poids.
Car il existe quelque part une antique hostilité
entre la vie et le noble travail.
Afin que je la discerne et la dise : aide-moi.
Aide-moi pourtant, sans dissiper tes forces,
comme m’aide parfois le plus lointain : en moi.



Fin du poème Requiem pour une amie

1 comment:

Anonymous said...

Ah .... bel art!